Claudine Cohen est une philosophe et historienne des sciencesfrançaise, spécialiste de l'histoire de la paléontologie et des représentations de la Préhistoire.

Elle est directrice d'études de la chaire « Biologie et société » à l'École pratique des hautes études (Sciences de la vie et de la Terre), et directrice d'études à l'École des hautes études en sciences sociales1, où elle est membre du Centre des recherches sur les arts et le langage. Elle est également chercheuse associée au Collège d'études mondiales de la Maison des sciences de l'homme.

Biographie

Née à Sfax en Tunisie, Claudine Cohen a vécu à Nice puis à Paris où elle réside aujourd'hui. Elle est mère d'un enfant2.

Elle étudie la philosophie (maîtrise et CAPES, 1975) et la paléontologie (DEA de biologie sciences de la Terre, option paléontologie des vertébrés à l'université Paris VI, 1977), obtient une agrégation de lettres modernes (1980), un doctorat ès lettres de l'université Paris III (1989) puis une habilitation à diriger des recherches en épistémologie et histoire des sciences (université Paris VII, 2004).

Elle a été chercheur invité aux États-Unis à l'université de Princeton (1994) et membre de l'Institute for Advanced Study de Princeton (2003), au MIT (Dibner Institute for the History of Science and Technology, Cambridge, (Massachusetts) (1999-2000), à New York au Center for Scholars and Writers de la New York Public Library (2001-2002) au Getty Research Institute à Los Angeles (2006-2007), au Clark Institute for the History of Art à Williamstown en 2009, et professeur invitée au Stevens Institute of Technology, Hoboken (New Jersey) (2005). Elle a également donné plusieurs cycles de conférences en Russie (Académie des sciences de Saint-Pétersbourg) depuis 1994 et en Chine (Shanghaï) en 20083.

Elle est membre du conseil d'orientation de l'Institut Diderot, le fonds de dotation pour le développement de l'économie sociale de Covéa, depuis mars 2009.

Itinéraire et objets

Claudine Cohen situe ses recherches sur l’histoire des sciences de la vie et de la Terre dans la longue durée, depuis la Renaissance jusqu’à l’époque contemporaine.

Ses travaux sur l’histoire du transformisme, de la paléontologie, de la paléoanthropologie et de la préhistoire s'orientent principalement en trois directions : l’étude épistémologique et historique de ces disciplines, à travers l’histoire de leurs concepts, de leurs méthodes et de leurs problèmes; l’exploration des changements historiques de leurs procédures d’authentification, de validation et de présentation de leurs preuves ; l’étude de leurs formes discursives et l’investigation de l’imaginaire scientifique, tant dans l’élaboration du savoir scientifique que dans sa diffusion et sa vulgarisation.

  • L’émergence des sciences de la vie et de la Terre à l’aube des Lumières- L’étude de l'œuvre clandestine d'un naturaliste amateur du tournant du XVIIe siècle, le Telliamed de Benoît de Maillet a conduit Claudine Cohen à explorer la conjoncture scientifique et intellectuelle des années 1680-1720. Ce travail se prolonge par l’étude de la Protogée de Leibniz, « théorie de la Terre » écrite au cours de la même période, dont elle a publié en 2008 avec la collaboration d’André Wakefield la première traduction du Latin en langue anglaise.
  • Histoire de la paléontologie des vertébrés - En faisant l’histoire d’un des objets canoniques de la paléontologie (le mammouth), Claudine Cohen a jeté un regard neuf et inédit sur le développement de cette discipline. Elle suit les mutations du regard porté sur un objet unique rendant compte des développements du savoir, des questionnements et des controverses, des différents modes de constitution du discours, des différents systèmes de pensée et d'interprétation, et des significations que ces vestiges découverts ont prises, en divers temps et lieux, dans la culture et dans la science occidentale4
  • Représentations et imaginaires de la préhistoire humaine. En collaboration avec le paléo-anthropologue Jean-Jacques Hublin, Claudine Cohen a exploré les circonstances de la naissance de la préhistoire de l'Homme en France au XIXe siècle, et la biographie de son fondateur, Jacques Boucher de Perthes. Ce travail s'est prolongé par une interrogation sur la place de l’imaginaire et de la fiction dans le discours, scientifique et vulgarisé, de ces savoirs.
  • Regards sur la femme préhistorique - "L'Homme préhistorique était aussi une femme" telle est la première phrase de La Femme des origines de Claudine Cohen, publié en 2003 (dernière réédition 2020). En centrant l’analyse sur les mutations des représentations de la femme préhistorique, depuis la sélection sexuelle darwinienne jusqu’aux perspectives féministes contemporaines, Claudine Cohen a, pour la première fois en France, fait le bilan des différentes approches qui ont permis de « voir » cette femme, souvent réputée « invisible » par les archéologues, selon lesquels il serait impossible de distinguer, dans le matériel lithique ou artistique que livrent les fouilles, des différences pertinentes permettant une élucidation de la différence et des rôles sexuels aux temps préhistoriques.5

Bibliographie

Notes et références

  1.