Serse (Xerxès, HWV40) est un opéra de Georg Friedrich Haendel, créé à Londres le .

Historique et argument

Le livret est une adaptation par un librettiste non identifié de celui écrit par Silvio Stampiglia pour un opéra de Giovanni Bononcini portant le même titre. Le texte de Stampiglia était lui-même tiré de celui de Nicolò Minato mis en musique par Francesco Cavalli en 1654.

Une des dernières compositions de Haendel dans le domaine de l'opéra, Serse est considéré comme le plus « mozartien » et l'un des meilleurs qu'il ait composés. La passion s'y mêle à la farce et à la satire - en ce sens, il s'éloigne de l'opera seria typique mis au point par Apostolo Zeno et Métastase ; la folie de la nature humaine y est montrée mais jamais ridiculisée.

L'action se passe dans l'Empire Perse en 480 av. J.-C. et se fonde quelque peu sur l'histoire de l'empereur Xerxès Ier. Il y a cependant peu de rapports réels entre l'Histoire et le livret ou sa musique. Le rôle-titre Xerxès était chanté par un soprano castrat ; c'est généralement aujourd'hui un rôle travesti, c'est-à-dire un rôle masculin chanté par une femme à la tessiture de soprano.

Le premier air de Serse, Ombra mai fu1, est un chant d'amour de Xerxès pour un arbre (Platane d'Orient)2 sur l'une des plus belles et célèbres mélodies de Haendel3, souvent exécutée en arrangement pour orchestre. On la connaît sous le nom de « Largo de Haendel », bien qu'en fait la partition la désigne comme « larghetto ».

Représentations

 
 
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L'air Ombra mai fu chanté par Enrico Caruso

Ayant mis la dernière main à Faramondo (qu'il avait commencé à composer le 15 novembre) le 24 décembre 1737, Haendel se reposa le jour de Noël et entama l'écriture de Serse dès le lendemain. Il termina le premier acte le 9 janvier, le deuxième le 25 janvier, le troisième le 6 février ; la partition complète était prête le 14 février.

La première représentation eut lieu à Londres le , mais sans succès. L'opéra fut retiré du programme du Haymarket Theatre après seulement 5 représentations puis oublié pendant près de 250 ans...

Un enregistrement intégral fut réalisé en 1979 par Jean-Claude Malgoire, et l'œuvre fut mise en scène dans les années 1980 par l'atelier lyrique de Tourcoing avec deux contre-ténors français, Daniel Delarue (Serse) et Henri Ledroit (Arsamene) qui furent remarquables de virtuosité et de théâtralité. Une version, chantée en anglais, fut réalisée en 1985 par l'English National Opera pour célébrer le 300e anniversaire de la naissance du compositeur. Mise en scène par Nicholas Hytner, dirigée par Sir Charles Mackerras avec Ann Murray dans le rôle-titre, Valerie Masterson en Romilda, Christopher Robson en Arsamene, et Lesley Garrett en Atalanta. Un DVD est sorti en 1995, ressortant cette production avec le même chef d'orchestre, le même plateau et édité par Arthaus Musik. Un autre enregistrement - en italien - fut réalisé en 2003 avec Anne Sofie von Otter, Elizabeth Norberg-Schulz, Sandrine Piau et les Arts Florissants sous la direction de William Christie. En 2018, Deutsche Grammophon a publié une nouvelle version intégrale de l'oeuvre, réunissant Il Pomo d'Oro sous la direction de Maxim Emelyanichev,Vivica Genaux dans le rôle d'Arsamene,et Franco Fagioli dans celui de Serse.

Distribution

Rôle Voix Première, 15 avril 1738, Haymarket, Londres
Interprétation
Serse soprano (castrat) Gaetano Majorano (Caffarelli)
Arsamene soprano Maria Antonia Marchesini (La Lucchesina)
Amastre contralto Antonia Maria Merighi
Romilda soprano Elisabeth Duparc (La Francesina)
Atalanta soprano Margherita Chimenti (La Droghierina)
Ariodate basse Antonio Montagnana
Elviro basse Antonio Lottini

Discographie

  • Serse, Re di Persia - Anne Sofie von Otter, Elizabeth Norberg-Schulz, Sandrine Piau, Lawrence Zazzo, Silvia Tro Santafé, Giovanni Furlanetto, Antonio Abete - Les Arts Florissants dir. William Christie - 3 CD EMI Records (2004)

Notes et références

  • Texte : « Ombra mai fu / di vegetabile / cara ed amabile, / soave più ! » Traduction : « Jamais l’ombre / d’aucun arbre ne fut / plus chère, ni plus aimable, / ni plus douce ! »
  • d'après Hérodote et Claude Élien, Xerxès traversant la Lydie, s'éprit d'un platane qu'il fit orner de colliers et de bracelets en or
  1. En fait, le thème est emprunté à son ancien rival, Bononcini

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes