Norma est un opéra en deux actes de Vincenzo Bellini, sur un livret de Felice Romani, d'après la tragédie d'Alexandre SoumetNorma ou l'Infanticide.

L'opéra fut créé le à la Scala de Milan sous la direction du compositeur avec Giuditta Pasta dans le rôle de Norma1 et Giulia Grisi dans celui de Adalgisa. Le rôle-titre était trop élevé pour Pasta et la première fut un échec. Après transposition d'un demi-ton, la quatrième représentation fut un triomphe2.Norma est à la fois orgueilleuse, passionnée, vindicative et la difficulté du rôle est de faire ressortir ces sentiments en plus de l'épreuve vocale car le rôle de Norma passe pour être vocalement difficile.

Argument

L'action se déroule en Gaule, lors du soulèvement du peuple gaulois mené par Oroveso, chef des druides et père de Norma. Elle est centrée sur le triangle amoureux formé par Pollione (proconsul romain de Gaule), Norma (grande prêtresse et son ancienne - et secrète - compagne), et la jeune prêtresse Adalgisa.

Norma, qui a rompu ses vœux de chasteté druidique et eu deux enfants de Pollione, découvre que celui-ci est maintenant amoureux de son amie Adalgisa. Elle tente de le convaincre de renoncer à Adalgisa, mais il refuse. Norma avoue alors publiquement sa faute : elle est condamnée à la mort par le feu. Pollione est condamné pour avoir poursuivi Adalgisa dans le temple et monte au bûcher avec Norma.

Grands airs

Acte 1

Scène 1

  • « Meco all'altar di Venere » (Pollione)
  • « Casta Diva » (Norma, chœur)
  • « Ah! Bello a me ritorna » (Norma)

Scène 2

  • « Oh, rimembrenza ! » (Norma, Adalgisa)
  • « Vanne, si, mi lascia, indegno » (Norma, Adalgisa, Pollione)

Acte 2

Scène 1

  • « Dormono entrambi ! » (Norma)
  • « Deh! Con te li prendi » (Norma, Adalgisa)
  • « Mira o Norma » (Norma, Adalgisa)
  • « Si fino all'ore estreme » (Norma, Adalgisa)

Scène 2

  • « Guerrieri ! a voi venire » (Oroveso, chœur)

Scène 3

  • « Ei tornera ! Si ! » (Norma, Clotilde, Oroveso, chœur)
  • « In mia man alfin tu sei » (Norma, Pollione)
  • « Deh! Non volerli vittime » (tous les personnages)

Personnages

 
Norma, acte II, scène 3.
  • Pollione, proconsul romain (ténor)
  • Oroveso, chef des druides, père de Norma (basse)
  • Norma, grande prêtresse du temple des druides (soprano dramatique)
  • Adalgisa, jeune vierge (soprano ou mezzo-soprano)
  • Clotilda, confidente de Norma (soprano)
  • Flavius, centurion romain, ami de Pollione (ténor)

Interprétation

Reprises

 
Dušan Plazinić et Violeta Srećković dans Norma.

Le rôle-titre de Norma est considéré comme l'un des plus difficiles du répertoire des sopranos3. Les cantatrices Rosa Ponselle4, Maria Callas5, Anita Cerquetti6, Joan Sutherland7 et Montserrat Caballé8 ont, au XXe siècle, marqué de leur interprétation ce rôle qui requiert à la fois une grande technique lyrique et des qualités de tragédienne. Norma a également été interprétée par l'Américaine June Anderson, la Slovaque Edita Gruberová, la Moldave Maria Bieșu et l'Américaine Catherine Naglestad. Plus récemment, la soprano bulgare Sonya Yoncheva a marqué le rôle de son empreinte au Royal Opera House en 2016, en remplacement d'Anna Netrebko qui avait déclaré forfait9. A son tour la Lettone Marina Rebeka interprète, en 2019, une Norma remarquée au Théâtre du Capitole de Toulouse10. Les deux artistes alternent alors en juillet 2022 au Liceu de Barcelone, permettant une très intéressante comparaisons de performances11. D'autres artistes actuelles se sont lancées dans ce rôle emblématique, telles la soprano Russe Elena Stikhina12, la soprano Italienne Maria Agresta13, les mezzo soprano Italienne, Cecilia Bartoli14 et Française, Karine Deshayes pour le festival d'Aix-en-Provence en 202215.

Difficultés du rôle

Le rôle de Norma requiert de la part de son interprète la technique la plus accomplie : le célèbre aria Casta Diva (cavatine), invocation mystique à la lune, est une leçon belcantiste : longueur du souffle, précision des vocalises jusqu'au contre-ut, par trois fois. De même pour le bouleversant arioso qui ouvre le second acte. Si les graves de Norma sont abondamment sollicités dans les passages les plus sombres, un soprano dramatique ne peut convenir pour le rôle car est exigée une

 
Giuditta Pasta pour la création du rôle en 1831.

extrême agilité vocale : dans les instants où culmine la fureur de l'héroïne, se libèrent des coloratures di bravura dont la réalisation exige la plus grande virtuosité. On songe notamment au terrible saut d'une octave et demie qui conclut, par deux fois, le Oh, non tremare ou bien au contre-ut de feu jeté avec rage à la fin du récitatif du temple d'Irminsul.

En outre, Bellini s'est attaché à donner aux récitatifs un relief particulier, en tentant de fusionner les composantes textuelles et musicales : aussi comprend-on que ce serait une fâcheuse méprise pour une prima donna de chanter ces récitatifs avec la négligence habituelle qu'on leur accorde. Le Sediziose voci instaure d'emblée le ton altier et souverain de la grande phrase déclamatoire ; le Vanne e li celi entrambi est l'union subtile, et si constitutive de la psychologie de l'héroïne, de l'affection d'une mère et de la fierté d'une femme ; quant au célèbre arioso Teneri figli, l'une des plus parfaites mélodies belliniennes, qui a inspiré une étude à Chopin, il est intégré à un récitatif particulièrement dramatique, celui d'une infanticide qui doute. Et comment ne pas mentionner la perfection dépouillée de l'aveu final de Norma : sur un sol a cappella, la prêtresse met littéralement à nu sa faute. On l'aura compris, Norma n'est pas une œuvre qui cultive l'exubérance et les effets faciles ; bien au contraire, elle procède de la pureté du chant et de la quintessence du drame.

Schopenhauer écrit à propos de cet opéra :16

« si l'on fait abstraction de son excellente musique, comme de la diction qui ne peut être que celle d'un livret d'opéra, cette pièce, considérée du seul point de vue de ses motifs et de son économie interne, est une tragédie de la plus grande perfection »

Discographie

Fichier audio
Casta Diva
4:36
Claudia Muzio interprétant Casta Diva dans Norma de Bellini
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  • 1937 - Gina Cigna (Norma), Ebe Stignani (Adalgisa), Giovanni Brevario (Pollione), Tancredi Pasero (Oroveso) - Chœurs et orchestre de la RAI de Turin, Vittorio Gui - Warner-Fonit3
  • 1950 - Maria Callas (Norma), Giulietta Simionato (Adalgisa), Kurt Baum (Pollione), Nicola Moscona (Oroveso) - Chœurs et orchestre du Palacio de Bellas Artes, Mexico, Guido Picco - CD: LPS ou Melodram
  • 1952 - Maria Callas (Norma), Ebe Stignani (Adalgisa), Mirto Picchi (Pollione), Giacomo Vaghi (Oroveso), Joan Sutherland (Clotilda) - Orchestre et chœurs de Covent Garden, Vittorio Gui. Probablement l'un des témoignages les plus saisissants de la voix d'assoluta de Callas qui atteint un niveau technique et dramatique inégalable, au cours de cette soirée devenue mythique : la cantatrice s'affirme à l'évidence comme l'incarnation la plus mémorable du rôle-titre.[réf. nécessaire]
  • 1953 - Maria Callas (Norma), Elena Nicolai (Adalgisa), Franco Corelli (Pollione), Boris Christoff (Oroveso) - Chœurs et orchestre du Théâtre Giuseppe Verdi de Trieste, Antonino Votto.
  • 1954 - Maria Callas (Norma), Ebe Stignani (Adalgisa), Mario Filippeschi (Pollione), Nicola Rossi-Lemeni (Oroveso) - Chœur et orchestre de La Scala de Milan, Tullio Serafin.
  • 1955 - Maria Callas (Norma), Ebe Stignani (Adalgisa), Mario Del Monaco (Pollione), Giuseppe Modesti (Oroveso) - Chœur et orchestre de la RAI, Tullio Serafin.
  • 1955 - Maria Callas (Norma), Giulietta Simionato (Adalgisa), Mario del Monaco (Pollione), Nicolai Zaccaria (Oroveso) - Chœur et orchestre de La Scala de Milan, Antonio Votto : célèbre Norma pour Maria Callas, dont l'enregistrement sur le vif témoigne de l'hystérie de la salle17.
  • 1964 - Joan Sutherland (Norma), Marilyn Horne (Adalgisa), John Alexander (Pollione), Richard Cross (Oroveso) - Chœur et orchestre du London Symphony Orchestra, Richard Bonynge - Decca
  • 1972 - Montserrat Caballé (Norma), Fiorenza Cossotto (Adalgisa), Placido Domingo (Pollione), Ruggero Raimondi (Oroveso) - Ambrosian Opera Chorus, London Philharmonic Orchestra, Carlo Felice Cillario - RCA
  • 1974 : Montserrat Caballé, Jon Vickers, Josephine Veasey, Agostino Ferrin - Orchestra e Coro del Teatro Regio di Torino, Giuseppe Patanè - (Hardy Classic Video) - Chorégies d'Orange le - Dans un combat contre un sournois mistral ce soir-là, Montserrat Caballé pousse sa maestria des mezze-voce, des legati et sa puissance vocale à des niveaux remarquables. Elle parvient à exprimer la large gamme d'émotions et de dilemmes qui déchirent l'héroïne avec justesse et élégance.[réf. nécessaire]

Cinéma

La très célèbre cavatine Casta Diva est reprise de nombreuses fois au cinéma ou dans les médias.

Ci-dessous une liste non exhaustive d'utilisations d'autres séquences de Norma :