Gaetano Donizetti, né le à Bergame et mort dans la même ville le , est un compositeuritalien.
Compositeur prolifique, son répertoire comprend un grand nombre de genres, dont de la musique religieuse, des pièces pour quatuor à cordes et des œuvres orchestrales, mais il est surtout célèbre pour ses opéras.
Héritier de Rossini, rival de Bellini, précurseur de Verdi, Donizetti fait partie des principaux compositeurs italiens du XIXe siècle1. Il marque la naissance de la musique romantique italienne illustrée par son opéra Lucia di Lammermoor, chef-d'œuvre du bel canto2 dont le succès « ne s'est jamais démenti »3.
Biographie
Domenico Gaetano Maria Donizetti est issu d'une famille pauvre de Bergame. Fils d'un employé, il se voue à la carrière musicale malgré un père qui le destine au barreau. Par chance, il y avait à Bergame un important compositeur de la génération antérieure : Simon Mayr, maître de chapelle de la basilique Santa Maria Maggiore. Grâce aux subventions de la Congregazione della Misericordia Maggiore (actuellement Fondazione MIA (it)), ce dernier avait institué des Leçons charitables de musique auxquelles Donizetti est admis en avril 1806. Il est alors âgé de 8 ans. Il étudie pendant neuf ans sous la direction de Mayr, qui obtient, en octobre 1815, de pouvoir l'envoyer au Lycée Philharmonique de Bologne étudier le contrepoint et la fugue sous la direction du meilleur professeur de l'époque, le père Stanislao Mattei, également le maître de Rossini (de cinq ans l'aîné de Donizetti).
Tout en composant, sous la direction de Mattei, des pièces religieuses d'un style strict, Donizetti donne à Bologne, en septembre 1816, son premier opéra, Le Pygmalion, qui ne sera représenté qu'en 1960. De retour dans sa ville natale, il occupe un poste à l'église de Santa Maria Maggiore. Sa carrière de compositeur d'opéras débute officiellement le avec la création au Teatro San Luca de Venise d’Enrico di Borgogna.
Le jeune compositeur connaît son premier succès avec son ouvrage suivant, Zoraide di Granata, composé avec l'aide de Mayr et représenté le au Teatro Argentina de Rome. À cette occasion, Donizetti fait montre de l'extrême rapidité qui le caractérisera puisqu'il doit réécrire une bonne partie de la partition quelques jours avant la première, à la suite du décès de l'une des principales interprètes. À Rome, il fait la connaissance de Jacopo Ferretti et de la famille Vasselli. Ferretti lui donne le livret d'un opéra-bouffe, L'ajo nell'imbarazzo, qui est représenté avec un très grand succès au Teatro Valle le et est considéré comme le premier petit chef-d'œuvre de Donizetti dans le genre comique.
De 1818 à 1828, Donizetti compose 19 opéras dont plusieurs remportent un réel succès : Elvira, Alfredo le Grande, Olivo e Pasquale, Alahor in Granata, Chiara e Serafino, etc. Mais c'est à Naples, où il s'installe à la suite de son mariage avec Virginia Vasselli à Rome le , qu'il obtint son premier vrai « triomphe » avec L'esule di Roma (1828). Aidé par une créativité et une force de travail peu communes, il commence alors à enchaîner les succès.
Le , il triomphe au Teatro Carcano de Milan avec Anna Bolena dont la première réunit une distribution prestigieuse, avec notamment Giuditta Pasta et Giovanni Battista Rubini. L'opéra ne tarde pas à être repris à Paris (première œuvre du compositeur créée dans cette ville, en septembre 1831), à Londres, à Madrid, à Dresde et même à La Havane.
Il triomphe de nouveau le avec L'elisir d'amore, représenté au Teatro della Canobbiana de Milan. Ces succès lui valent d'être nommé, le , maître de chapelle et professeur de composition au Real Collegio (conservatoire) de Naples puis, en 1836, maître de contrepoint au même conservatoire.
En 1835, à l'invitation de Rossini, Donizetti se rend à Paris où il fait jouer au Théâtre des Italiens Marin Faliero (12 mars). En avril, il est fait chevalier de la Légion d'honneur par le roi Louis-Philippe. De retour à Naples, il remporte un triomphe mémorable au Teatro San Carlo avec Lucia di Lammermoor, son ouvrage le plus célèbre, composé en seulement six semaines. La mort de sa femme, le , le plonge dans une profonde dépression. Le 29 octobre, il fait cependant représenter un nouveau chef-d'œuvre, Roberto Devereux, toujours au San Carlo.
L'année suivante, l'interdiction de Poliuto par la censure napolitaine et le dépit de n'avoir pas obtenu d'être nommé officiellement directeur du conservatoire après la mort de Zingarelli, alors qu'il occupait déjà cette fonction par intérim, le convainquent de quitter Naples et de s'installer à Paris. Par ailleurs, depuis la mort de sa femme, plus rien ne le retient dans cette ville.
Collaborant avec Eugène Scribe et d'autres librettistes comme Alphonse Royer, Gustave Vaëz ou encore Vernoy de Saint-Georges, il crée une série d'opéras dont certains sont devenus des classiques du répertoire lyrique mondial :
- Les Martyrs ou Poliuto (1840), tiré du Polyeucte de Corneille, qui eut peu de représentations
- La Fille du régiment (1840)
- La Favorite (1840)
- Rita ou le Mari battu (composé en 1841 mais seulement créé, de façon posthume, en 1860)
- Don Pasquale (1843)
- Dom Sébastien, roi de Portugal (1843), « grand opéra » composé en deux mois.
De 1842 à 1846, Donizetti ne cesse de voyager, principalement entre Paris, les grandes villes italiennes (Naples, Rome, Bologne, Milan, Venise) et Vienne où il est nommé maître de chapelle de la cour en 1842. C'est là qu'il commence à ressentir les atteintes de la syphilis, qui vont l'obliger à cesser de travailler dès 1845. Sous l'effet des atteintes nerveuses de la maladie, il perd en effet la parole, ne peut plus marcher et sombre peu à peu dans la folie, lui qui n'avait cessé de la mettre en scène au théâtre. Alarmés par son état, les amis et la famille de Donizetti envoient son neveu, Andrea, fils de Giuseppe Donizetti à Paris. Donizetti est interné en 1846 dans la maison de santé du Dr Esquirol à Ivry-sur-Seine. En 1847, il est transféré à Paris dans une maison près des Champs Elysées. Andrea Donizetti n'obtient qu'en septembre 1847 l'autorisation des autorités parisiennes (préfet Gabriel Delessert), d'être transféré dans sa ville natale, Bergame, où il meurt en 1848.
Donizetti avait un frère beaucoup plus âgé que lui, Giuseppe Donizetti, né en 1788, qui fut longtemps directeur de musique militaire du sultan à Constantinople, où il mourut en 1856. Il fit mieux connaitre la musique occidentale dans l'Empire ottoman et y popularisa ses marches, pièces pour piano et lieder.
Œuvre
En trente ans de carrière, Donizetti est l'auteur d'environ 550 œuvres, dont 71 opéras, 13 symphonies, 18 quatuors, 3 quintettes, 28 cantates, 115 autres compositions religieuses (dont un Requiem en 1835, pour la mort de son ami, le compositeur Vincenzo Bellini), sans compter un nombre important de pièces de musique de chambre, des oratorios et des « pièces de salon », ce qui en fait un des compositeurs les plus prolifiques du XIXe siècle.
Opéras
- Il Pigmalione (composé en 1816 ; créé le 13 octobre 1960 au Teatro Donizetti, Bergamo)
- Enrico di Borgogna (créé le 14 novembre 1818 au Teatro San Luca à Venise)
- Una follia (créé le 17 décembre 1818 au Teatro San Luca à Venise) – partition perdue –
- Le nozze in villa (créé vers 1821 au Teatro Vecchio à Mantoue)
- Il falegname di Livonia, ossia Pietro il grande (créé le 26 décembre 1819 au Teatro San Samuele à Venise)
- Zoraida di Granata (créé le 28 janvier 1822 au Teatro Argentina à Rome, puis dans une version révisée le 7 janvier 1824 au Teatro Argentina à Rome)
- La zingara (créé le 12 mai 1822 au Teatro Nuovo à Naples)
- La lettera anonima (créé le 29 juin 1822 au Teatro del Fondo à Naples)
- Chiara e Serafina ossia I pirati (créé le 26 octobre 1822 au Teatro alla Scala à Milan)
- Alfredo il grande (créé le 2 juillet 1823 au Teatro San Carlo à Naples)
- Il fortunato inganno (créé le 3 septembre 1823 au Teatro Nuovo à Naples)
- L'ajo nell'imbarazzo (créé le 4 février 1824 Teatro Valle à Rome)
- Emilia di Liverpool (créé le 28 juillet 1824 au Teatro Nuovo à Naples)
- Alahor in Granata (créé le 7 janvier 1826 au Teatro Carolino à Palerme)
- Don Gregorio (version révisée de L'ajo nell'imbarazzo créée le 11 juin 1826 au Teatro Nuovo à Naples)
- Elvida (créé le 6 juillet 1826 au Teatro San Carlo à Naples)
- Gabriella di Vergy4 (composé en 1826 et révisé en 1838 mais non représenté ; créé dans une version posthume entièrement révisée sous le titre Gabriella le 29 novembre 1869 au Teatro San Carlo à Naples)
- Olivo e Pasquale (créé le 7 janvier 1827 au Teatro Valle à Rome, puis dans une version révisée le 1er septembre 1827 au Teatro Nuovo à Naples)
- Otto mesi in due ore, ossia Gli esiliati in Siberia (créé le 13 mai 1827 au Teatro Nuovo à Naples, puis dans une version révisée en 1833 à Livourne)
- Il borgomastro di Saardam (créé le 19 août 1827 au Teatro del Fondo à Naples)
- Le convenienze teatrali (créé le 21 novembre 1827 au Teatro Nuovo à Naples)
- L'esule di Roma, ossia Il proscritto (créé le 1er janvier 1828 au Teatro San Carlo à Naples)
- L'eremitaggio de Liwerpool (version révisée de Emilia di Liverpool, créée le 8 mars 1828 au Teatro Nuovo à Naples)
- Alina, regina di Golconda (créé le 12 mai 1828 au Teatro Carlo-Felice à Gênes, puis dans une version révisée le 10 octobre 1829 au Teatro Valle à Rome)
- Gianni di Calais (créé le 2 août 1828 au Teatro del Fondo à Naples)
- Il paria (créé le 12 janvier 1829 au Teatro San Carlo à Naples)
- Il giovedì grasso, ossia il nuovo Pourceaugnac (créé le 26 février 1829 au Teatro del Fondo à Naples)
- Elisabetta al castello di Kenilworth (créé le 6 juillet 1829 au Teatro San Carlo à Naples)